4- Le permis de visite et les parloirs

chap4Aller au parloir montre à la personne détenue qu’elle n’est pas seule, qu’on la soutient au quotidien. Cela permet de prendre des nouvelles et d’en donner autrement que par le courrier.
Au parloir, on peut nouer des liens avec les autres personnes qui viennent visiter, échanger les expériences,  et s’entraider concrètement entre proches. Ainsi on subit moins la prison, on se laisse moins mettre la pression par l’Administration.

Pour rendre visite à une personne détenue, il faut avoir un « permis de visite ». C’est la première étape…

Obtenir un permis de visite

Il est important de discuter de cette démarche avec la personne détenue soit en lui écrivant un courrier, soit par l’intermédiaire de son avocat. L’obtention du permis est parfois longue, il ne faut pas se décourager.
Un parloir est un moment à la fois de répit, mais aussi de douleur et de frustration. Certains préfèrent éviter ce moment, sachant également les vexations que subissent les visiteurs (passage sous le portique, longues attentes, etc.), les frais et la fatigue que cela peut impliquer.
Le détenu peut appuyer votre demande de permis auprès de l’autorité compétente par un courrier. Pour certains détenus (en particulier les politiques et ceux classés « Détenus Particulièrement Signalés » ou dps*), les demandes sont systématiquement refusées si elles n’émanent pas de la famille (et encore). Mais faire la demande est aussi un moyen d’exprimer sa solidarité et vous pouvez régulièrement renouveler votre demande.

les démarches

Le permis de visite s’obtient, pour les prévenus, auprès du Juge d’instruction (CPP, art. r. 57-8-8) et, pour les condamnés, auprès du Directeur de la prison (CPP, art. r. 57-8-10).
Les autorités qui délivrent le permis peuvent, avant de l’accorder, demander une enquête de personnalité. Lors d’une demande de permis auprès d’un Directeur, il faut généralement signer un formulaire autorisant cette enquête.
Suite à une demande de permis de visite, on peut être convoqué, soit au commissariat ou à la gendarmerie de son domicile, soit au service de police chargé de l’enquête sur les faits pour lesquels la personne est incarcérée. Il peut arriver que les enquêteurs en profitent pour vous mettre la pression, vous interroger ou effectuer une prise d’empreintes digitales ou d’adn. Vous n’êtes pas obligés d’accepter, d’autant plus qu’il faut faire attention à ne pas donner des informations qui pourraient nuire au détenu.
Pour les étrangers, il faut normalement être en situation régulière pour obtenir un permis de visite. Les juges ou les directeurs dérogent parfois à cette règle. Si vous faites une demande de permis, soyez prudents car cette démarche peut donner beaucoup d’occasions aux services de police pour vous arrêter (si vous donnez votre lieu habituel de résidence ou l’adresse de votre travail, etc.). Il est préférable de se rapprocher d’un avocat ou d’une association pour évaluer les risques encourus.
Vous devez envoyer la lettre expliquant votre lien de parenté avec la personne ou la nature de vos liens (concubinage, collègue, ami…), en joignant deux photographies, une photocopie recto verso de votre carte d’identité ou de votre carte de séjour, ainsi qu’une enveloppe timbrée à votre adresse pour la réponse. Pour un exemple de lettre, voir à la fin du chapitre.

Pour les détenus hospitalisés dans des hôpitaux « normaux », les permis de visite sont délivrés par le préfet, sauf à Paris (préfet de police) et dans les Bouches-du-Rhône, le Rhône, le Nord, la Corse-du-Sud et la Haute-Corse (préfet délégué pour la police auprès du préfet). Il est préférable de s’informer auprès du Juge d’instruction ou du Directeur de l’établissement dans lequel le détenu était affecté. En revanche, pour les personnes détenues hospitalisées dans un établissement de santé réservé aux personnes détenues (UHSI, UHSA, EPNSF), les permis de visite sont délivrés, refusés, suspendus ou retirés par le Directeur de l’établissement pénitentiaire (CPP, art. r. 57-8-10).

conseils

Envoyer des garanties de « bonne moralité » (sans toutefois en faire trop !) — fiches de paye, déclarations d’impôt, taxe d’habitation, quittances de loyer ou d’EDF, casier b3 (s’il est vierge) — peut faciliter l’obtention du permis.
Si vous pensez qu’un certificat de concubinage apportera plus de poids à votre demande, voyez page union & séparation pour les démarches. Un bail avec les noms peut également faire l’affaire.
Vous pouvez joindre à votre demande un courrier, signalant votre « envie de soutenir » votre proche, notamment dans la perspective de sa sortie (si elle n’est pas trop lointaine), etc. Il ne faut pas hésiter à s’inventer des liens familiaux, quitte à en rajouter. Parfois on peut s’entendre sur les différentes demandes de visites pour que les personnes n’ayant pas les garanties de représentations nécessaires et/ou liens de parenté requis fassent leur demande en premier. Ainsi, elles peuvent augmenter leur chance d’avoir un permis en argumentant que le détenu n’a pas encore de visite et qu’il en a besoin.
Comptez trois semaines pour obtenir une réponse. Mais la décision peut prendre beaucoup plus de temps, notamment si une enquête de police est faite sur vous. N’hésitez pas à téléphoner régulièrement, soit au bureau du juge d’instruction, soit à la prison, afin de connaître la décision. Il arrive que la réponse ne soit pas envoyée (et donc non motivée) ou que la prison reçoive le permis avant que vous ayez la réponse.

les recours

Souvent déçus ou humiliés en cas de refus de permis, les proches n’utilisent pas toujours tous les moyens de recours existants. Il existe pourtant quelques possibilités…
Pour les prévenus, le juge d’instruction n’est tenu ni de répondre, ni de motiver son refus de délivrer un permis de visite, aux personnes n’appartenant pas à la famille du détenu. Celles-ci n’ont aucun recours, mais peuvent envoyer autant de demandes de permis qu’elles le souhaitent. Par contre, après le premier mois de détention provisoire, le juge d’instruction ne peut refuser un permis de visite à un membre de la famille du détenu que par une décision spéciale et motivée par rapport aux nécessités de l’instruction (CPP, art. 145-4). En cas de refus, les membres de la famille peuvent faire un recours, dans les 10 jours après la notification de la décision, devant le Président de la Chambre de l’instruction. Il devra statuer dans les 5 jours par une décision écrite et motivée. Cette décision n’est pas susceptible de recours (CPP, art. 145-4). Si le Président de la Chambre d’Instruction annule la décision du juge d’instruction, c’est lui-même qui délivre le permis.
Pour les condamnés, le CPP autorise des personnes extérieures à la famille à leur rendre visite si ces visites contribuent à l’insertion sociale ou professionnelle du détenu, constituent un soutien ou justifient plus largement d’un intérêt pour visiter la personne (Circulaire DAP du 20 février 2012). Sauf en cas de motifs liés à la sécurité et au bon ordre de l’établissement, le Directeur ne peut pas refuser de délivrer un permis de visite aux membres de la famille d’un condamné ou à son tuteur. La Circulaire DAP du 20 février 2012 demande aux Directeurs de prendre la notion de famille au sens large, en considérant par exemple qu’une personne qui partage l’autorité parentale sur un enfant avec une personne détenue, même si elle n’est ni son conjoint pacsé ou marié, ni son concubin, est un membre de sa famille.
Si un Directeur refuse de délivrer un permis, qu’on soit ou non membre de la famille du détenu, il faut refaire la demande auprès du Directeur, puis effectuer un recours hiérarchique (c’est-à-dire une nouvelle demande, qui mentionne le refus du Directeur et si possible argumentée, auprès du Directeur Interrégional de l’AP). En cas de nouveau refus, un recours est possible devant le tribunal administratif dans les deux mois. Vous n’avez pas pour obligation de désigner un avocat pour ces procédures et vous pouvez choisir de faire vous-même toutes ces démarches. Ce recours peut s’appuyer sur le CPP (art. d. 404) et sur la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme (art. 8).
Quoiqu’il arrive, c’est important d’insister et de ne pas lâcher l’affaire.

durée de validité du permis de visite

Les permis de visite sont normalement définitifs, sauf s’ils sont délivrés à titre exceptionnel pour un nombre de visites déterminé, ce qui est alors précisé sur le document.
Lorsque le permis est délivré par le juge d’instruction, il est valable jusqu’à ce que la condamnation (éventuelle) acquière un caractère définitif (CPP, art. r. 57-8-8). Il continue à être valable même si le dossier est transmis à un nouveau juge d’instruction. Cependant, l’autorité judiciaire nouvellement saisie peut supprimer, suspendre ou accorder un nouveau permis de visite.
Une fois le détenu définitivement condamné, il faut en principe faire une nouvelle demande de permis de visite, cette fois au Directeur. Mais en pratique, les permis obtenus durant la détention provisoire sont maintenus sans nouvelle procédure.

Et les enfants ?

Les enfants doivent également avoir un permis de visite, même si, dans certaines prisons, le livret de famille peut suffire pour les plus jeunes.
Il n’est pas simple d’emmener un enfant au parloir, surtout si c’est également votre premier parloir. Rendez-vous d’abord seul au parloir, ce sera plus facile ensuite d’y aller avec un enfant. Prenez en compte l’âge de l’enfant, sa personnalité, etc. et l’avis de la personne incarcérée (c’est dur aussi, pour le détenu, de voir son enfant dans un pareil lieu…).
Si aucun proche ne peut ou ne veut emmener un enfant rendre visite à son parent incarcéré, prenez contact avec le Relais Enfants Parents. Ils peuvent le faire (bénévolement), mais sous certaines conditions (absence de retrait de l’autorité parentale notamment).
Dans certaines prisons, il y a des parloirs spécialement aménagés pour les enfants. Le plus souvent, c’est assez sinistre. N’oubliez pas que le temps d’attente est souvent long. Il est possible de prendre un jouet, mais il sera, comme les biberons, contrôlé (la vodka dans le biberon, c’est une mauvaise idée !).
Les enfants sont soumis aux mêmes contrôles que les adultes. évitez qu’il ait à passer plusieurs fois sous le portique en veillant particulièrement à ce qu’il ne porte ni vêtement, ni ceinture, ni bretelles susceptibles de le déclencher.
Pour les plus petits, certains établissements prêtent une poussette aux visiteurs une fois le portique passé.
Tout visiteur mineur doit en principe venir au parloir accompagné par une personne majeure qui a, elle aussi, un permis de visite. Si le mineur est âgé d’au moins 16 ans, si les personnes qui exercent, sur lui, l’autorité parentale en donnent l’autorisation écrite et si la visite est rendue à une personne titulaire de l’autorité parentale à son égard, il est possible de se dispenser de cet accompagnateur.

Le premier parloir

Vous pouvez venir à plusieurs au parloir, mais renseignez-vous auprès de l’établissement car cela varie (de trois à cinq personnes généralement).
La visite prend bien davantage de temps que le parloir : il faut poser ses effets personnels au casier, il faut faire vérifier son permis et son identité, passer sous le portique, attendre l’arrivée du détenu et encore attendre avant de pouvoir sortir… Comptez, pour une visite en ma, au moins deux heures et demi, auxquelles il faudra ajouter le temps de transport.
Munissez-vous toujours de votre pièce d’identité. Même si vous venez plusieurs fois par semaine et que les surveillants vous « connaissent », on vous refusera l’accès au parloir en cas d’oubli. Si cela vous arrive, demandez aux surveillants de l’accueil d’en référer à un gradé, qui éventuellement pourra prendre la responsabilité de vous laisser entrer.
Soyez ponctuels. Dans beaucoup de ma, aucun retard n’est toléré. Au moment de la réservation, demandez à quelle heure précise il faut être là (parfois les ma donnent l’heure à laquelle vous voyez votre proche et non pas l’heure où vous devez vous enregistrer). En cas de retard, vous ne pourrez pas rentrer. Si cela vous arrive, essayez de faire intervenir un bénévole de l’accueil des visiteurs, le cpip ou demandez que le surveillant en réfère à un gradé, mais il vous faudra particulièrement bien plaider votre cas…
Vérifiez que vous n’allez pas sonner lors de votre passage sous le portique (voir un peu plus bas).
Prévoyez de la monnaie (les consignes fonctionnent souvent avec des pièces de un ou deux euros).
Vous pouvez apporter du linge, mais aussi récupérer le linge de votre proche. Vérifiez toujours les listes de ce que vous donnez ou de ce que vous reprenez (voir plus bas).

réserver son parloir

Dans la plupart des prisons, il faut réserver son parloir. Selon l’établissement, la réservation se fait par téléphone, par carte magnétique à insérer dans une borne ou auprès d’un surveillant à l’accueil.
Si un récépissé de votre prise de rendez-vous est fourni, gardez-le précieusement en cas de problème ultérieur.
Réservez votre parloir dès que possible, car les standards téléphoniques sont souvent saturés et les plannings risquent d’être déjà complets. Mais on peut rarement réserver plus d’une semaine à l’avance.
Dans certains cas, les détenus peuvent réserver eux-même les parloirs via le chef de détention.

les accueils des familles et des proches

Dans beaucoup de prisons, il y a un accueil pour les proches de détenus. Selon les endroits, ils proposent différents services : simple salle d’attente, garde des enfants pendant le parloir, hébergement (pour une modeste somme) des proches venant de loin et transport depuis la gare ou l’aéroport le plus proche, soutien psychologique, etc.
Ces bénévoles pourront vous renseigner (souvent mieux que la prison) sur les moyens d’accès à la prison, notamment par les transports en commun et le règlement concernant les dépôts de linge et de livres ou les demandes de parloir.
Pour savoir s’il existe une telle structure dans la prison où votre proche est incarcéré, regardez les adresses dans le chapitre 13. Vous pouvez aussi vous renseigner auprès de l’UFRAMA (structure qui réunit toutes les associations d’accueil) ou sur les forums Internet de proches de détenus.
Les accueils sont tenus généralement par des bénévoles. Ils sont théoriquement indépendants de l’AP. Mais rien ne vous oblige à répondre à leurs questions, notamment dans les salles d’accueil, qui sont toujours surveillées : vous ne l’avez peut-être pas remarqué, mais vous êtes sur le domaine pénitentiaire !

Formalités d’entrée et contrôle des visiteurs

Le visiteur doit déposer toutes ses affaires personnelles dans un vestiaire prévu à cet effet avant de se rendre au parloir.

contrôle des visiteurs

Faites attention de ne rien oublier dans vos poches qui soit répréhensible (portable, argent, etc.) : vous pourriez vous voir refuser l’accès au parloir et votre permis de visite peut être supprimé.
Les surveillants n’ont pas le droit de fouiller les visiteurs. Ils peuvent vous demander de montrer ce que vous avez dans les poches, mais ils ne peuvent pas vous toucher. Par contre, ils peuvent appeler la Police ou la Gendarmerie pour le faire et  les parloirs et les salles d’accueil peuvent être l’objet d’une fouille policière, notamment avec des chiens afin de détecter les produits stupéfiants. Une procédure peut également viser en particulier un détenu et son visiteur. Il y a régulièrement des détenus et des visiteurs trouvés en possession de produits stupéfiants lors des parloirs. Dans ce cas, le droit de visite est suspendu ou supprimé (voir ci-dessous).
Les détenus sont fouillés à l’issu du parloir.
Le visiteur doit se soumettre « aux mesures de contrôle jugées nécessaires » (cpp, art. d. 406), notamment le passage sous un portique détecteur de métaux, éventuellement complété par un détecteur manuel de métaux (« poêle à frire »).
Pour que le détecteur ne sonne pas, il faut éviter de porter : des pinces à cheveux, des vêtements avec fermeture éclair ou boutons de métal, des soutiens-gorge avec armature, des chaussures avec bout métallique… Certains détecteurs de métaux sonnent pour un emballage de préservatif ou de chewing-gum. Si le détecteur se déclenche lors de votre passage, il faut retirer les objets ou vêtements qui sont en cause, jusqu’à ce que le portique ne sonne plus, faute de quoi l’accès au parloir vous sera interdit. Il est souvent humiliant de devoir retirer son soutien-gorge devant des surveillants, donc mettez plutôt ceux sans armatures ou dont les armatures sont en plastique. Presser les armatures avec les bras croisés réduit la probabilité de déclencher la sonnerie.
Si vous cachez quelque chose dans votre soutien-gorge, assurez vous préalablement qu’il ne sonne pas. Avec les chaussures, c’est ce qui déclenche le plus souvent le portique !
Il est conseillé de marcher lentement en passant sous le détecteur et de ne pas le toucher, car ça réduit le risque de le déclencher.
Si le visiteur porte une prothèse ou une plaque métallique suite à une intervention chirurgicale, il doit se munir d’un certificat médical attestant cette opération et la présence d’éléments métalliques dans le corps. Si le visiteur a besoin de béquilles pour se déplacer, celles-ci sont inspectées et il n’est pas inutile d’être muni d’un certificat médical.
Lorsque le visiteur est en fauteuil roulant, il est préférable de prendre contact avec la prison afin de vérifier les conditions d’accessibilité et éventuellement le prêt, par l’Administration, d’un fauteuil une fois le portique franchi.
Souvent, en cas de « problème » avec une personne, les surveillants auront tendance à dire « si les autres ont du retard, c’est de votre faute », « vous bloquez tout le monde », etc., cherchant à monter les personnes qui visitent les unes contre les autres. Dans ces moments-là, il est important de se soutenir, de montrer sa solidarité face aux matons.

que faire en cas de « parloir fantôme » ?

On parle de « parloir fantôme* » lorsque le visiteur ou la personne détenue ne se présente pas (volontairement ou pas). Ce qui veut dire qu’on se retrouve seul dans la cabine de parloir.
Si on vous interdit l’accès (retard, problème de permis de visite, par exemple), demandez à ce que votre proche soit informé par les surveillants (en faisant intervenir un gradé) ou par le CIP et écrivez-lui le plus rapidement possible afin de le rassurer sur ce qui vous est arrivé.
Si le détenu ne se présente pas au parloir, exigez une explication. Il peut être extrait pour raisons judiciaires ou médicales notamment. S’il est placé au mitard, il conserve son droit de recevoir des visites à raison d’une fois par semaine. On n’a pas le droit de vous refuser le premier parloir réservé avant la mise au mitard.

Durée et fréquence des visites

Les prévenus doivent pouvoir être visités au moins trois fois et les condamnés au moins une fois par semaine (loi n°2009-1436, 24 novembre 2009, art. 57, art. 35, CPP art. d 410). Les jours et horaires des parloirs, leur durée et leur fréquence, sont fixés par les établissements.
Il est possible de demander un parloir prolongé ou « parloir double ». Le détenu et le visiteur doivent faire une demande écrite au Directeur et au service des parloirs. Ces parloirs prolongés sont parfois attribués systématiquement une fois par mois à tous ceux qui font la demande. Généralement, sont pris en compte l’éloignement du visiteur, la fréquence des visites et le lien de parenté entre le détenu et son visiteur.
Les personnes faisant l’objet d’une sanction de confinement* en cellule ordinaire conservent leur droit d’être visitées dans les mêmes conditions (CPP, art. r. 57-7-40). Les personnes placées au mitard ont droit à une visite par semaine, normalement sans hygiaphone, sauf si elles ont fait l’objet d’une sanction supplémentaire (CPP, art. r. 57-8-12 et r. 57-7-45).

Les parloirs et les Unités de vie Familiale

Les visites ne se déroulent pas dans la cellule du détenu. On n’est pas non plus (sauf en cas de « parloir hygiaphone ») séparé du détenu par une vitre et dans tous les cas on ne communique pas avec lui par un téléphone comme dans les films américains ! Les parloirs ne sont jamais pareils et ils sont rarement des lieux très chaleureux. Il existe principalement deux sortes de parloirs.
En ma, c’est souvent une petite pièce (ou « cabine ») avec deux portes vitrées (une du côté du détenu, l’autre du côté des visiteurs), avec une table et quelques chaises. Les cloisons sont généralement très fines. Il y a parfois un muret entre le détenu et ses visiteurs et il est parfois interdit de s’y asseoir ou de le franchir.
Dans les CD* et les centrales, les parloirs sont souvent des boxes séparés par des cloisons d’un mètre de haut.
Le détenu et son visiteur sont séparés par une vitre dans le cas où une punition a été prononcée ou lorsqu’il s’agit d’une mesure à l’encontre d’un détenu « particulièrement signalé» (DPS).
Certaines prisons (Saint-Martin de Ré, Rennes, Poissy, Meaux, Liancourt, etc.) disposent d’Unités de Vie Familiale (UVF*) ou de « parloirs familiaux ». Les visites se déroulent, en toute intimité, pendant 24 à 72 heures, dans un petit appartement, au sein de la prison. Tous les détenus, prévenus ou condamnés, ont le droit de demander à bénéficier d’une uvf.

la surveillance des parloirs

Les parloirs sont généralement surveillés par des caméras. L’une d’elle peut même être exactement braquée sur votre cabine ou votre box.
Durant les parloirs, les surveillants passent régulièrement regarder ce qui se passe dans les cabines ou les boxes. N’oubliez donc jamais que, en prison, les murs ont des oreilles : les surveillants doivent en effet être en mesure d’entendre les conversations. Il arrive régulièrement que des propos tenus au parloir deviennent des éléments à charge dans un procès car le détenu et ses visiteurs ont oublié qu’il est facile de placer un micro dans un parloir.
Selon le CPP, art. r. 57-8-15, le détenu et les visiteurs doivent s’exprimer en français (ou dans une langue étrangère uniquement si le permis de visite le mentionne expressément). Cette disposition est rarement appliquée, mais il faut, en principe, préciser, lors de la demande du permis de visite, son souhait de parler en une langue étrangère.

les interdictions

Chaque prison a une liste d’interdictions. Dans la pratique, nombre de petites choses rentrent au parloir pour être consommées (friandises, kebabs, etc.) ou rentrées en détention. L’important est de prendre le temps de comprendre comment ça marche et les risques qu’on prend. Peu à peu, on apprend des autres visiteurs ce qui est possible ou pas…
Il est interdit de manger ou de boire pendant la visite. Il est également généralement interdit de fumer. Certains établissements le tolèrent néanmoins.
Exceptés les biberons (dont le contenu est généralement vérifié), vous ne pouvez théoriquement rien apporter au parloir. Dans certaines prisons, on peut néanmoins se munir d’une bouteille en plastique d’eau scellée (ou après vérification du contenu). Il est normalement possible d’apporter des photos ou des documents officiels, ou le bulletin scolaire d’un enfant. Il est préférable de se renseigner au préalable auprès des surveillants.
Selon le règlement, tout échange d’objet (argent, lettre, etc.) entre le détenu et ses visiteurs peut être puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende (loi sur la sécurité intérieure, 18 mars 2003, art. 72 ; Code pénal, art. 434-35-1).
Si un détenu est trouvé en possession d’argent liquide, celui-ci est saisi et remis au Trésor Public. Mais dans les établissements pour peines, vous pouvez vous munir de pièces de monnaie pour les distributeurs de boissons et de friandises qui se trouvent dans les parloirs.
En cas d’incident au parloir, un surveillant peut interrompre la visite (cpp, art. d. 408). Il le signale à l’autorité qui a délivré le permis (Juge d’instruction ou Directeur), qui pourra suspendre ou supprimer le droit de visite (voir ci-dessous).

La sexualité au parloir

Les rapports sexuels sont interdits en prison. Il est considéré comme une faute disciplinaire du 2ème degré le fait « d’imposer à la vue d’autrui des actes obscènes ou susceptibles d’offenser la pudeur » (CPP, art. d. 249-2).
Le détenu risque de passer au prétoire* (c’est-à-dire le « tribunal » interne à la prison). Il peut être condamné à un placement, jusqu’à 20 jours, au mitard. Le détenu et ses visiteurs peuvent également se voir supprimer l’accès au parloir sans dispositif de séparation pour une durée maximum de quatre mois.
Dans la pratique, vous découvrirez que les rapports sexuels sont parfois possibles ou tolérés. Ils se font souvent dans des conditions qui manquent d’intimité. Ayez de l’imagination dans vos tenues : jupes, collants troués, etc.
La possibilité de prescription de contraceptifs (pilule, stérilet, implants contraceptifs…) est réduite pour les femmes détenues. Les détenus ont librement accès aux préservatifs masculins dans les infirmeries. Mais il leur est souvent compliqué (notamment en raison des fouilles) d’en amener au parloir. C’est donc vous, dehors, qui devez vous en charger.
Certains emballages de préservatifs masculins déclenchent la sonnerie des portiques d’entrée. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas en utiliser, d’autant que les surveillants ont rarement de consignes en la matière et réagissent donc diversement…
C’est peut-être l’occasion d’opter pour les préservatifs féminins (fémidons), qui peuvent être installés plusieurs heures avant un rapport sexuel et sont indétectables.
Une personne incarcérée peut demander à faire un test du vih ou de l’hépatite b.

Conserver son permis de visite

Au parloir, on s’énerve plus facilement qu’ailleurs… Quoi qu’il arrive, il faut savoir que les surveillants ne peuvent ni fouiller des visiteurs, ni procéder physiquement à leur évacuation du parloir. Il faut pour cela que la Police intervienne et il y a un fort risque de poursuites judiciaires par la suite.
Le permis de visiter un détenu peut être réduit, suspendu, voire retiré. Il existe en fait deux cas de restriction du droit de visite.
Lorsqu’une « faute a été commise au cours ou à l’occasion d’une visite » (conduite indécente, entrée et/ou consommation de stupéfiants ou d’alcool), une sanction de « privation de parloir sans dispositif de séparation » peut être prononcée (CPP, art. d. 251-1-4). Les parloirs se déroulent avec un hygiaphone. La durée de la sanction est de quatre mois maximum (décret n°96-287, 2 avril 1996). Mais certains établissements font faire un « nombre » de parloirs avec hygiaphone.
« En cas d’incident au cours de la visite » ou « s’il y a des raisons graves de redouter un incident », la suppression de toute visite est également possible (CPP, art. d. 405 et d. 405-1). La durée de la sanction est à la discrétion du Directeur et peut donc être définitive.
Pour contester ces décisions, il faut effectuer un recours gracieux auprès du directeur de l’établissement et du directeur interrégional de l’AP. En l’absence de réponse dans un délai de deux mois ou en cas de confirmation de la sanction, il est possible de saisir le Tribunal administratif. Le détenu peut également réclamer à être reçu par la Direction afin d’appuyer la demande de rétablissement du permis de visite en faisant valoir sa version des faits.

solidarités entre visiteurs

Au moment des parloirs, c’est important de rompre l’isolement et de se parler entre proches de détenus pour trouver des moyens de moins subir la pression de l’AP, et peut-être de résister collectivement
Cela passe par le fait de s’échanger des infos sur le parloir :  par exemple, se prévenir quand l’enregistrement commence, aider, expliquer ou traduire pour une personne en difficulté, se refiler des tuyaux, etc. Mais aussi faire face aux matons lorsqu’ils mettent la pression : sur les retards, les fouilles…
On peut également s’échanger des infos et expériences sur les procédures judiciaires : contacts d’avocats, recours possibles…
Enfin, certains s’organisent déjà pour faire des covoiturages : les déplacements pour les parloirs sont moins chers et plus sympas.
On pourrait imaginer que cette solidarité s’étende plus largement en s’organisant pour mettre davantage de pression à l’AP. à plusieurs, on est toujours plus fort !

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modèle de lettre

Demande de permis de visite
Votre Prénom et Nom
Votre adresse

[Pour les condamné-e-s]
Monsieur/Madame le/la Directeur/rice
Prison de _ _ _ _
[Pour les prévenu-e-s]
Monsieur/Madame le/la Juge
Tribunal de Grande Instance de _ _ _ _
Adresse

Lieu et date
Objet : Demande de permis de visite
Monsieur/Madame le/la Directeur/rice, [ou Monsieur/Madame le/la Juge,]
Je vous écris afin de solliciter de votre part un permis de visite pour [Prénom et Nom], incarcéré à [nom de la prison], sous le numéro d’écrou [_ _ _ _].
Vous trouverez ci-dessous les informations me concernant :
Nom : Votre nom et prénom
Adresse : Votre adresse complète
Date et lieu de naissance

[explications]
Je tiens à rendre visite à [indiquez votre lien de parenté avec la personne incarcérée] afin de lui apporter du réconfort / afin de discuter de son avenir [évitez les polémiques et donc les formulations comme « cette injuste incarcération », etc.]

[Si vous n’avez pas un lien de parenté proche avec la personne incarcérée, faites quelques phrases sur votre relation d’amitié] C’est un très bon ami et je souhaite le soutenir durant son incarcération.
[Vous pouvez évoquer votre absence de liens avec l’infraction et que vous avez un casier vierge, par exemple.]
[Vous pouvez prendre l’occasion de la proximité d’un anniversaire (le votre, le sien, de ses enfants, etc.) ou de fêtes pour dire que vous espérez lui rendre visite à ce moment important pour vous ou votre famille (même si ce n’est pas le cas).]

Veuillez trouver ci-joint :
– copie (recto/verso) de ma carte d’identité [ou passeport ou carte de séjour]
– 2 photos d’identité
– enveloppe timbrée et libellée à mon adresse
– justificatif du lien de parenté [par exemple la copie du livret de famille]
– justificatif de domicile [par exemple la copie d’une facture Edf de moins de 3 mois]

En vous remerciant d’avance de l’attention que vous apporterez à mon courrier, je vous prie de croire, Monsieur (Madame) le Directeur, [ou Monsieur (Madame) le Juge] en mes sincères salutations.

Signature

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Témoignage sur le premier parloir, lettre à un proche incarcéré.
Je voulais te raconter comment le premier parloir ça s’est passé de mon côté… D’abord, il y a eu la galère de la prise de rendez-vous. On m’avait dit que ça serait compliqué, alors pour être sûre d’avoir un rendez-vous, je me suis levée à 8h30. Et, là, en prenant un café, j’ai mis mon téléphone sur haut-parleur et j’ai appuyé inlassablement sur le « BIS » jusqu’à ce que quelqu’un décroche. Quand je réussis à avoir le standard, je commence à lui expliquer que … mais, il m’écoute déjà plus et me demande LE numéro, pas ton nom, ton NUMéRO, puis mes disponibilités. Après, quelques minutes, il me dit c’est Ok. Il balbutie une date et une heure. Puis raccroche. L’angoisse, en raccrochant, j’étais déjà plus sûre de l’heure. Ce matin, j’étais un peu tendue et j’ai pas réussi à manger. Je suis partie tôt, vers midi, mais heureusement parce que l’autoroute était bouchée. Il a fallu changer l’itinéraire, on a pris la bande d’arrêt d’urgence… J’arrêtais pas de regarder ma montre. Dans la voiture, c’était le stress. On est arrivé vers 12h35. Beaucoup de personnes sont déjà là, alors que l’abri n’ouvre qu’à 12h45. En fait, c’est les gens qui arrivent en bus : il y en a qu’un seul toutes les heures, avec des horaires pas commodes du tout. Soit tu arrives à 12h15 et t’attends ¾ d’heures, soit tu arrives à 12h55 et là si le bus arrive en retard : t’es foutu ! Le bus, c’est la galère, ça rajoute du temps. Bon, il est 12h45. L’abri ouvre mais pas encore le local de l’association. Les femmes (il n’y a que des femmes) sont plutôt sympas, te prêtent un feutre « que tu dois rendre tout de suite » et t’expliquent vite fait. Parce que quand c’est le 1er parloir, personne ne t’explique : tu regardes comment les autres font. Par exemple, moi, je savais pas quoi faire avec mon sac de linge. Donc, au moment où je vais « m’annoncer » à la surveillante, je lui demande comment ça se passe. Et, là, elle me dit d’attendre. Attendre, c’est ce qu’on fait pendant une bonne demi-heure déjà. Heureusement, une fille me voit galérer et me dit qu’il faut que je l’emmène avec moi. Du coup, j’attends puis une autre surveillante arrive et commence à appeler les « familles » : famille X, famille Y, famille Z., etc. Pour eux, t’as pas de nom, t’es qu’une « famille ». Les noms passent vite, elle parle tout doucement, et t’as pas intérêt à pas entendre. « Famille B ». J’étais tellement surprise que j’ai failli oublier le sac de linge. On quitte la « zone publique » et on rentre dans la prison. Donc, tu passes la porte de l’abri, traverses une cour et tu rentres dans un sas qui fait 4m² où tout le monde doit rentrer. Zone « portique ». C’est là, où on referme la porte derrière moi pour la première fois. Bruit de porte qui claque. Le sas est vraiment trop petit. Les matons font l’appel une nouvelle fois. A ton nom, je donne mon passeport. Vu que je n’ai pas ton nom, il me demande plusieurs fois qui je vais voir. Il me demande de mettre le sac de linge dans le détecteur-métal (c’est la même machine qu’au tribunal) et je passe sous un portique. Je suis un peu tendue. J’avais un peu peur donc je n’ai que des chocolats dans ma poche. Je voulais t’amener plus de surprises mais ça sera pour une prochaine fois. J’ai fait attention à ne pas avoir de trucs en métal (j’avais enlevé ma ceinture mais mon jean tombait un peu et c’était désagréable). C’est bon, je suis passée de l’autre côté et là on attend compressé dans 1m². Il y a une dame qui avait plein de bijoux : des bagues, des bracelets, des boucles. Elle arrêtait pas de sonner. Bip, Bip, Bip, Bip. Certaines s’impatientaient, moi ça me faisait marrer. Quand tout le monde est passé, ils ouvrent le sas et on se retrouve à l’extérieur entre deux murs (c’était bien la peine de nous faire attendre dans le mini-sas). La matonne hurle une nouvelle fois nos noms, puis crie le numéro de la cabine. Une porte s’ouvre. J’ai l’impression d’entrer dans un hôpital ou un gymnase. Les murs sont vert-bleu, jaune crasseux, carrelage au sol. J’ai donné ton sac de linge : un maton vérifie si j’ai bien tout mis sur la liste et surtout il met en bordel ce que j’avais pris soin de plier pour que tout sois bien dans le sac. Je voulais demander si les maillots de foot passaient et j’ai abandonné. Puis, je vais dans une autre petite salle où il y a des toilettes (où tu te rhabilles, tu te prépares). Et l’attente. Il y a celles qui se racontent des trucs, qui donnent des nouvelles de « leur homme », qui rigolent, qui sont copines de parloir, qui viennent à deux ou avec les enfants. Puis, celles plus discrètes, plus soucieuses. La salle est faite pour que l’entrée des cabines ne se voient pas. Impossible de guetter, seulement entendre le magnet’ de la porte qui s’ouvre. Salle des cabines. La pièce est éclairée par des baies vitrées. C’est fait en U avec un espèce de jardin au milieu et des sculptures bizarres. On avait la même chose au lycée. Chacune est allée se mettre devant sa cabine. La porte a une longue fente mais elle n’a pas de poignées. Je comprenais pas mais la matonne arrive et ouvre à toute vitesse les portes avec sa poignée amovible. Je suis rentrée et vlan. La porte s’est refermée encore une fois et ça m’a un peu angoissée. J’ai commencé à avoir chaud et ça manquait d’air. Il était déjà 13h30. Il commence à y avoir du bruit aux talkies : « ça arrive côté Dét’. » J’entends des gens parler dans les deux cabines autour de moi. Le brouhaha commence, les embrassades et tout. Des têtes passent devant la lucarne… Et toi ? T’es où ? Et puis, la porte qui s’ouvre. Trop court. Trop court. ½ heure c’est trop court. J’étais heureuse de te toucher. Et puis, « tût » de la sonnerie. Comme au lycée. Sauf qu’au lycée, c’est le soulagement de la fin du cours. C’est le signal pour fermer les cahiers et sortir à l’air libre. Ici, tout le contraire. D’un seul coup, tout va plus vite. Les portes s’ouvrent plus rapidement, ils s’empressent de venir te chercher… Quand la porte de ton côté s’est refermé, tout est devenu horrible. Parce que c’est fini, et que j’avais qu’une seule envie me barrer le plus vite de cet endroit, garder un peu de toi loin d’ici. Avant de te voir, je prends sur moi, mais là, c’est plus supportable. Du coup, tu guettes la matonne à la poignée. 10 minutes, ¼ d’heures… Tout le monde commence à s’énerver. J’entends des « putains », des « fais chier », et même « nous, on est pas enfermé ». Et puis, là, enfin, je respire. Mais, c’est toujours pas fini. Il faut faire le trajet inverse. J’attends à nouveau dans une salle. Fatiguée, pensive, tout le monde est un peu encore dans son parloir. Ça y est, la porte s’ouvre. On récupère le linge sale : la serviette, le gant de toilette, le tee-shirt donné aux arrivants, des chaussettes non-utilisées (?), des chaussettes du sport, des affaires à toi. On attend encore. Puis, on repasse sous le portique, je prends mon passeport et avant que la porte ne se referme. Un maton dit « bonne journée ». Personne ne répond vraiment, on rejoint l’abri. Il est 16h. Je sors épuisée, comme si j’avais fait un marathon. Avant de partir, je demande si je peux prendre un rendez-vous. Évidemment, la matonne  dit que l’imprimante ne marche pas. Du coup, c’est sûr, lundi, même scénario. On verra bien…